DONUT : kesako ?

Chaque jour, nous pouvons percevoir les dysfonctionnements d’une économie centrée sur la croissance : crises financières à répétition, inégalités extrêmes de revenus et d’accès aux ressources, exploitation destructive de l’environnement, etc. Nous avons besoin d’un autre modèle pour imaginer à la fois notre bien-être et celui de la planète. La théorie du Donut, proposée par l’économiste anglaise Kate Raworth, remplace l’objectif général de croissance par un objectif de prospérité équilibrée. L’image du Donut représente un plancher social et un plafond écologique –  les deux limites entre lesquelles il nous faut redéfinir notre bien-être.

Le cercle intérieur du Donut représente le plancher social. Il est constitué des différentes dimensions des droits humains fondamentaux (qui constituent notamment les Objectifs de Développement Durable adoptés par les Nations Unies). La satisfaction des besoins humains ne doit pour autant pas se faire au détriment des ressources de notre planète. Le plafond écologique, cercle extérieur du Donut, est composé des différentes limites planétaires identifiées par les recherches en sciences du climat. L’économie du Donut définit l’espace de viabilité dans lequel nous devons évoluer : un espace écologiquement sûr et socialement juste où se déploie une prospérité équilibrée.

image du Donut avec plancher social et plafond environnemental
S’engager vers une économie régénérative et distributive

Le premier pas pour aller vers une économie du Donut est de reconnaître les interdépendances que l’économie entretient avec la société et avec la Terre. 

Elle s’appuie sur deux grands principes : la régénérativité et la distributivité, qui devraient être inscrits à dessein (« by design ») dans le fonctionnement même de nos économies.

Une économie régénérative, d’abord, devrait remplacer nos économies qui sont encore largement dégénératives, basées sur une logique linéaire vis-à-vis des ressources : extraire — fabriquer — utiliser — jeter. Il s’agit de restaurer tant les nutriments biologiques que les nutriments techniques dans le cadre d’une économie qui devienne un maximum circulaire.

RegenerativeFR

Une économie distributive ensuite, dans laquelle on ne se contente pas de redistribuer les revenus a posteriori, mais dans laquelle non seulement les revenus, mais aussi la richesse, le pouvoir et le temps sont d’emblée distribués entre les acteur·rice·s. Cette distribution doit s’entendre au sens des réseaux, composés d’une diversité d’acteur·rice·s, ce qui rendrait nos économies bien plus résilientes.

Les 4 "lunettes" ou le donut déroulé

Le Donut a été élaboré à l’échelle de la terre. Mais appliquer le Donut à partir d’un « territoire » particulier (région, organisation,…) rend la vision en deux dimensions du Donut (en termes de plancher et de plafond) insuffisante. Celui-ci doit être « déplié », ou « déroulé », afin de croiser deux types d’enjeux (le social et l’écologique) sur deux échelles (locale et globale).

En procédant de la sorte, nous obtenons un tableau “holistique” à 4 lunettes. Chaque lunette analyse une facette de la question générale : Comment notre territoire/organisation peut-il devenir un lieu de prospérité pour les personnes ici et pour son environnement tout en respectant le bien-être des personnes ailleurs dans le monde et la santé de la planète?

👓 La lunette « local-social » examine la satisfaction des besoins sociaux et la réalisation des aspirations de la population du territoire, en précisant le sens à donner à chaque dimension sociale vis-à-vis du contexte considéré. Les normes sociales locales ne sont en effet pas identiques partout.

👓 La lunette « local-écologique » explore les façons dont le territoire peut — au-delà de simplement réduire ses impacts écologiques — contribuer aux cycles naturels, à la restauration des écosystèmes de son environnement direct.

👓 La lunette « global-écologique » interroge de son côté la part de responsabilité qu’a le territoire dans les impacts environnementaux globaux et vise à déterminer si celui-ci respecte ou non sa « part juste » des ressources et des capacités écologiques planétaires.

👓 Enfin, la lunette « global-social » invite à prendre en compte les impacts qu’ont les choix faits ici sur les populations ailleurs dans le monde. Nos modes de consommation ont en effet des impacts sur les populations qui travaillent à les produire ou à extraire les ressources qui nous sont nécessaires.